2 Rois, chapitre 1 – Ahazia, Baal-Zebub et l’envoi des messagers vers Élie

2 Rois, chapitre 1 – Ahazia, Baal-Zebub et l’envoi des messagers vers Élie. leçon en hébreu

Le récit du bref règne d’Ahazia (fils d’Achab) s’étend sur un seul chapitre, mais il contient une histoire très significative qui reflète de nombreux éléments du conflit persistant entre la maison d’Achab et le prophète Élie. Trois axes méthodologiques essentiels ressortent de ce chapitre et nous permettent d’aborder cette histoire :

1.     Les mots-clés – montée et descente : Les mots "monter" (‘alah’) et "descendre" (‘yarad’) reviennent à plusieurs reprises dans le chapitre. Ils reflètent les dynamiques du récit : qui se trouve en haut et qui en bas – le roi ou le prophète ?
2.    La répétition dans le récit biblique : L’événement central du chapitre est l’envoi des chefs de cinquantaine et leurs troupes vers Élie. Cette scène centrale se répète pas moins de trois fois. Cette répétition reflète l’ampleur du problème d’Ahazia et les nuances entre chaque scène sont  significatives dans la compréhension des événements.
3.    La responsabilité du roi face à celle de ses messagers : Une question déjà soulevée dans l’histoire de Naboth est celle de la responsabilité : sur qui repose la culpabilité ? Achab, qui convoitait la vigne ? Jézabel, architecte de l’injustice ? Ou les messagers, les faux témoins et les exécutants ? Dans notre chapitre, la question de la responsabilité et des choix des serviteurs du roi occupe une place centrale.

Le chapitre s'ouvre sur la chute d’Ahazia alors qu’il se trouve en hauteur et se poursuit par la prophétie de l’Éternel annonçant que le roi ne retrouvera pas la santé. La chute et la descente d’Ahazia symbolisent évidemment la déchéance imminente de toute la maison d’Achab, conformément à la prophétie d’Élie dans le chapitre 21.

Après sa chute qui l'oblige à garder le lit, Ahazia envoie des messagers consulter Baal-Zebub pour demander s’il guérira de sa maladie. Le culte de Baal est tellement enraciné dans la maison d’Achab qu’Ahazia,  au coeur même de sa maladie, cherche à consulter Baal. L’Éternel envoie Élie pour réprimander les messagers :

« N’y a-t-il donc pas de D' en Israël que vous alliez consulter Baal-Zebub ? » (1:3).

Il faut souligner le mérite des messagers qui, touchés par la prophétie d’Élie, retournent sur leurs pas, au grand étonnement d’Ahazia. Lorsqu’ils transmettent la prophétie d’Élie à Ahazia, ils modifient légèrement le message en accusant directement le roi lui-même :

« Ainsi parle l’Éternel : N’y a-t-il donc pas de D' en Israël pour que toi, tu envoies consulter Baal-Zebub ? » (1:6).

Ahazia, contrairement à ses messagers, ne saisit pas le message et tente d’envoyer des soldats à Élie. La scène entre les chefs militaires et Élie est très nette : on note qu’Élie est assis au sommet de la montagne, tandis que le chef militaire doit monter vers lui. Mais dans ses paroles à Élie, il tente d’imposer l’autorité du roi :

« Homme de D', le roi a parlé : descends ! » (1:9).

La réponse d’Élie est tranchante : il fait descendre le feu du ciel sur le commandant et ses soldats.

Le chef de la mission suivante se montre encore plus arrogant (ce qui reflète l’audace croissante d’Ahazia, qui persiste à défier Élie). Il ne monte même pas vers Élie, mais lui crie à distance avec encore plus de véhémence :

« Ainsi parle le roi : hâte-toi de descendre ! » (1:11).

La formule « Ainsi parle le roi », généralement réservée à une parole divine transmise par un prophète, est ici usurpée par Ahazia. De plus, « hâte-toi de descendre » est encore plus impérieux que le simple « descends » de l’émissaire précédent. On voit donc que les messagers des deux premières missions reflètent fidèlement l’attitude d’Ahazia, et ils sont punis pour cela.
Cependant, les soldats de la troisième mission comprennent enfin le message, (contrairement à celui qui les envoie) et reconnaissent la supériorité d’Élie :

« Le troisième chef de cinquantaine monta, s’approcha, se mit à genoux devant Élie et le supplia » (1:13).