Rois II chapitres 23-24 — La révolution de Josias et les derniers rois de Juda

Rois II chapitres 23-24 — La révolution de Josias et les derniers rois de Juda. leçon en hébreu

Le roi Josias entreprend la plus grande et la plus impressionnante révolution spirituelle de l'histoire du peuple d'Israël. Après des années d'idolâtrie intense sous le règne de Manassé, il rétablit l’alliance entre le peuple et l'Éternel et pourchasse l'idolâtrie avec vigueur. Les versets donnent l'impression d'une révolution rapide et fondamentale. De nombreux types d'idolâtrie, de différentes époques et en différents lieux, sont repérés et brûlés. La révolution vise tous les types d'idolâtrie, hauts lieux inclus. Le roi renforce également le statut du Temple. Il profite du vide créé par la disparition du royaume d'Israël pour s'étendre jusqu'aux territoires qui appartenaient à ce dernier et y éradique également l'idolâtrie et les hauts lieux. En résumé, l'espoir d'unifier le royaume autour de Jérusalem, du Temple et du culte de l'Éternel, sous un roi juste et prospère aux actions religieuses et politiques remarquables, renait. Le verset qui considère Josias renforce cet espoir : "Il n'y eut avant lui aucun roi qui, comme lui, revint à l'Éternel de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force, selon toute la loi de Moïse ; et après lui, il n'en a point paru de semblable."
Mais cet espoir est brisé dans le verset suivant : "Toutefois l'Éternel ne revint point de l'ardeur de sa grande colère dont il était enflammé contre Juda, à cause de tout ce que Manassé avait fait pour l'irriter." Josias revient à l'Éternel de tout son cœur, mais malgré ce retour formidable, la colère de D’ ne s’apaise pas. Cette rupture est frustrante et ne correspond pas à tout ce que nous croyons concernant le repentir et la rétribution divine. Josias se repent de manière exemplaire et fait tout ce qui est en sa mesure  mais c'est insuffisant pour l'Éternel et les enfants de Juda seront quand même punis pour les péchés de Manassé.
Les sages ont interprété le verset des Lamentations comme une lamentation sur la mort de Josias : "Le souffle de nos narines, l'oint de l'Éternel a été pris dans leurs fosses, Lui dont nous disions : Sous son ombre nous vivrons parmi les nations." Ils expliquent que Josias est tombé de par les fautes du peuple. Il a opéré un changement radical, qui n'a pas été intégré par le peuple lui-même. Malgré cette explication, nous devons nous demander si dans l'histoire telle qu'elle est relatée dans le livre des Rois, il y aurait des indices sur les raisons de la conduite divine. Quel est le message du livre des Rois ?
Le message est peut être, que les enfants d'Israël ont commis des fautes tellement graves qu’une fois le décret  prononcé contre eux, il est impossible de réparer. Le repentir est parfait, mais l'Éternel n'a quand même pas pardonné. Cette explication est plausible, mais semble bien éloignée de la conception juive du repentir et déjà dans les versets eux-mêmes, se cache une explication plus profonde.
Tout au long des versets, Josias est actif et énergique, mais notez : le peuple est passif. Même quand il conclut l'alliance avec eux, le peuple ne réagit pas et ne répond pas, contrairement à l'alliance de Moïse (Exode 19), de Josué (Josué 24) ou d'Élie (Rois I 18). Le résultat qui en découle est certes un changement radical, mais il ne pénètre pas assez profondément. Le peuple cesse de pratiquer l'idolâtrie, mais ne change pas ses habitudes.
De plus, la réforme effectuée par de Josias est trop courte et trop tardive. Après cinquante-sept ans de règne de Manassé et Amon et encore 18 ans du règne de Josias avant qu'il mette en route les changements, le peuple est immergé 75 ans dans l'idolâtrie. Josias ne règne que 31 ans au total et  la majeur partie des années de son règne se déroulent sans changements dramatiques. Son règne se poursuit seulement 13 ans après la mise en place de la réforme. Ces années sont insuffisantes comme transition entre les années de Manassé et celles des rois qui lui ont succédé. Josias met certes en place une réforme remarquable, mais quand il n'est plus là, durant le règne de ses fils, le peuple et les rois régressent rapidement vers l’idolâtrie comme si aucun changement n'avait eu lieu. La description de la courte vie de Joachaz "Il fit ce qui est mal aux yeux de l'Éternel, entièrement comme avaient fait ses pères", et pendant la période de Jojakim, la Bible mentionne directement Manassé : "Il fit ce qui est mal aux yeux de l'Éternel, comme avaient fait ses pères... Il les envoya contre Juda pour le détruire, selon la parole que l'Éternel avait prononcée par ses serviteurs les prophètes... C'était seulement sur l'ordre de l'Éternel que cela arrivait contre Juda, pour l'ôter de devant sa face, à cause de tous les péchés que Manassé avait commis... et aussi à cause du sang innocent qu'il avait répandu, remplissant Jérusalem de sang innocent. L'Éternel ne voulut point pardonner."
Comme dans de nombreuses occurrences dans le Tanakh, l'un des messages prophétiques de l'histoire est que l'Éternel est omniscient. A la lecture de la réaction de l'Éternel un sentiment de revolte contre l'injustice apparente s’empare de nous, mais la suite de l'histoire, nous montre que ce qui nous semblait injuste nous apparait ainsi parce que nous sommes de simples humains, incapables de connaitre l'avenir ni de sonder les cœurs. La réforme n’apaise pas la colère de l'Éternel car, bien qu'impressionnante et fondamentale, elle ne change rien en profondeur. Il est beaucoup plus difficile de réparer que de détruire et même Josias, le roi le plus juste, s'en rend compte trop tard. Dans les quelques années qui lui restent à vivre, il ne parvient pas à réorienter le royaume de Juda dans une direction positive sur le long terme.
Les autres rois bénéficieront également d’une possibilité de réparation et dans le livre de Jérémie, le prophète exigera du peuple qu'il se repente, mais c’est ici dans le livre des Rois que nous apprenons ce qui se passera réellement - le royaume de Juda n'est pas disposé à se repentir et clôt la possibilité de retour, c'est pourquoi "la colère de l'Éternel fut sur Jérusalem jusqu'à ce qu'il les rejette."

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