Chapitre 19 – "Saül parmi les prophètes ?"

Chapitre 19 – "Saül parmi les prophètes ?" leçon en hébreu

Dans ce chapitre, les tentatives de Saül pour tuer David deviennent de plus en plus directes et brutales. Les doutes implicites de Saül se transforment désormais en une certitude déformée : David est, selon lui, un rebelle qu’il faut éliminer.
Points saillants du chapitre :
Les paroles de Jonathan à Saül : un écho au début de sa royauté
Jonathan tente de convaincre Saül en rappelant que David a été l’instrument du salut d’Israël :
« D' a opéré une grande délivrance pour tout Israël. Tu as vu et tu t’en es réjoui. Pourquoi pécherais-tu en versant un sang innocent, en tuant David gratuitement ? » (19,5).
Ces paroles font écho à celles prononcées par Saül lui-même au début de son règne, lorsqu’il a refusé de punir ceux qui rejetaient son autorité :
« Aucun homme ne sera mis à mort aujourd’hui, car aujourd’hui D' a opéré une délivrance en Israël » (11,13).
Ce contraste souligne l’évolution tragique de Saül : le roi magnanime et inspirant d’autrefois cède la place à un homme tourmenté et irrationnel.

La parallèle entre David et Mikhal face à Saül et Jacob et Rakhel face à Laban.
Le texte établit des similitudes intrigantes entre ces deux récits :
Mikhal utilise les terafim (idoles domestiques) pour aider David à fuir, tout comme Rachel les avait volées à Laban.
Dans les deux cas, il s’agit d’une poursuite d’un père contre son gendre.
Ces échos littéraires renforcent la dimension biblique du conflit entre David et Saül. Pour une analyse approfondie, voir l'article du Rav Amnon Bazak.
"Saül parmi les prophètes ?" Une ironie tragique.
L’expression "Saül parmi les prophètes", déjà utilisée lors de l’onction de Saül (10,11-12), revient ici dans un contexte radicalement différent :
Lors de son ascension, cette prophétie représentait une validation divine et un moment d’élévation spirituelle.
Ici, elle souligne la déchéance de Saül : sa prophétie devient un spectacle ridicule et humiliant.« Il tomba nu toute cette journée et toute cette nuit, c’est pourquoi on dit : "Saül est-il aussi parmi les prophètes ?" » (19,24).
La prophétie qui fut autrefois un symbole de l’élection divine est maintenant perçue comme une manifestation étrange, sinon burlesque.
Plus encore, cette prophétie contraste avec une scène précédente où Saül, pris d’un esprit de démence, avait tenté de tuer David :
« Et il prophétisait dans la maison… et il dit : Je frapperai David contre le mur » (18,10-11).
Cette ambiguïté entre prophétie véritable et "esprit mauvais" illustre l’état spirituel instable de Saül, prisonnier de son obsession pour la royauté.

Une tragédie en spirale.
Ce chapitre souligne le caractère tragique de Saül : choisi par D' pour sa modestie et son mérite, il se retrouve consumé par ses propres peurs et ambitions. L’homme qui refusait autrefois de faire couler le sang des opposants devient obsédé par l’élimination d’un innocent.
La répétition de l’expression "Saül parmi les prophètes" marque la fermeture d’un cercle dramatique, montrant comment un roi béni et légitime peut se perdre dans une quête autodestructrice de pouvoir.