Isaïe, Chapitre 40 – « Consolez, consolez Mon peuple »

Isaïe, Chapitre 40 – « Consolez, consolez Mon peuple ». leçon en hébreu

Introduction à la seconde partie d’Isaïe
Nous entamons aujourd’hui, avec joie, la seconde partie du livre d’Isaïe, qui diffère sur plusieurs points de la première partie que nous avons étudiée jusqu’ici. Certains de ces écarts soulèvent la question du « Deuxième Isaïe », que nous approfondirons ultérieurement, si D'  veut. Ce chapitre est également la Haftarah de « Shabbat Na’hamu », la première des sept Haftarot de consolation après le 9 Av. Cette section est en grande partie constituée de paroles de consolation et aborde abondamment la rédemption future.
Le chapitre 40 s’ouvre sur un appel explicite à la consolation et à la préparation de la révélation divine :
« Consolez, consolez Mon peuple, dit votre D'… Une voix crie dans le désert : Préparez le chemin de l’Éternel, aplanissez dans la steppe une route pour notre D'. » (40:1-3).
Certains thèmes ici évoquent la rédemption que nous avons déjà rencontrés précédemment dans le livre. Par exemple, la préparation d’un chemin en vue de la révélation divine rappelle celle décrite dans Isaïe 11:16 pour le retour des exilés d’Israël. De même, le verset suivant :
« Toute vallée sera élevée, toute montagne et colline seront abaissées, ce qui est tortueux sera redressé, et les collines deviendront plaine » (40:4), fait écho aux descriptions du Jour de l’Éternel, où les symboles d’orgueil sont rabaissés.

A – Les grands thèmes théologiques du chapitre:
Ce chapitre ne se limite pas à décrire la rédemption ; il développe également des idées théologiques profondes à travers divers procédés littéraires. On y trouve des répétitions (comme « L’herbe  sèche, la fleur se fane », ou « Son bras puissant »), des questions récurrentes (comme « À qui comparez-vous D' ? » et ses diverses formes dans le texte), et des questions rhétoriques.
Deux sujets théologiques principaux émergent :
1.    D' en tant que Créateur du monde
Le prophète appelle les hommes à reconnaître que nul ne peut prétendre comprendre les voies de D' dans Sa création :
« Qui a mesuré les eaux dans le creux de Sa main, déployé le ciel à la largeur de Sa paume, mesuré la poussière de la terre dans un boisseau, pesé les montagnes sur une balance et les collines sur des plateaux ? » (40:12).
2.    D' comme guide et providence du monde
Le prophète pose immédiatement la question suivante :
« Qui a sondé l’esprit de l’Éternel, ou qui fut Son conseiller pour L’instruire ? Avec qui D' a-t-Il pris conseil, et qui L’a éclairé, pour Lui enseigner la voie du droit, pour Lui apprendre la sagesse et Lui indiquer le chemin de la compréhension ? » (40:13-14).
Ces deux thèmes réapparaissent plus loin dans le chapitre. D’une part, il y a un appel à admirer les merveilles de la création :
« Levez les yeux vers le ciel et voyez : Qui a créé ces astres ? » (40:26) – soulignant la grandeur et la splendeur de l’univers.
D’autre part, cette mise en valeur de la puissance créatrice de D' pourrait amener les hommes à se sentir insignifiants et à croire que leurs actions n’intéressent pas le Créateur. Pour répondre à ce sentiment, le prophète déclare :
« Pourquoi dis-tu, Jacob, pourquoi affirmes-tu, Israël : ‘Mon chemin est caché à l’Éternel, et mon droit passe inaperçu devant mon D' ? » (40:27). Le prophète rappelle que D' s’occupe aussi des plus faibles :
« Il donne de la force à celui qui est fatigué, et Il accroît la vigueur de celui qui est sans énergie » (40:29).

B – L’harmonie entre grandeur divine et la sollicitude pour les faibles
Ces deux aspects – la grandeur infinie de D- en tant que Créateur du monde et Sa providence attentive aux moindres détails – reflètent les deux axes fondamentaux du livre d’Isaïe.
•    D’une part, l’humilité humaine : l’homme doit reconnaître que D' est le Créateur et Maître absolu, ce qui implique une soumission à Sa volonté.
•    D’autre part, l’exigence morale : l’homme est appelé à diriger la société dans un esprit de justice et d’équité, à l’image de la façon dont D' gouverne le monde avec droiture et attention aux détails.
Le message ici est double :
1.    La grandeur de D- en tant que Créateur n’est pas incompatible avec Son attention pour les faibles.
2.    De la même manière, l’homme ne doit pas hésiter à aider les nécessiteux, même s’il occupe une position sociale élevée. Si D' aide les faibles, alors les hommes doivent aussi le faire.
En conclusion, ce chapitre établit un équilibre fondamental : reconnaître la souveraineté et la majesté de D' tout en adoptant une conduite humaine fondée sur la compassion, la justice et l’attention à autrui.