Jérémie chapitre 29 – Comment identifier un faux prophète ?

Jérémie chapitre 29 – Comment identifier un faux prophète ? leçon en hébreu

Le combat contre les faux prophètes ne se limite pas aux frontières du pays. Même les exilés de Juda qui vivent à Babylone sont confrontés aux faux prophètes qui annoncent la chute de Babylone et la rédemption imminente. Jérémie envoie une lettre aux Babyloniens depuis la terre d'Israël leur disant de ne pas écouter, de s'installer à Babylone et affirme que la rédemption n'aura lieu que dans 70 ans. Mais le combat a deux volets et tout comme Jérémie envoie des lettres à Babylone, les prophètes babyloniens envoient eux aussi une lettre en terre d'Israël, demandant de stopper  Jérémie. L'envoi de cette lettre nous montre l'influence et la position que les exilés babyloniens ont sur la population résidant en Israël. Un prophète ou un leader de Babylone peut envoyer des instructions au prêtre responsable du Temple et le réprimander pour le traitement qu'il réserve à Jérémie : « Pourquoi n’as-tu pas réprimandé Jérémie, celui qui prophétise parmi vous ? »
Le problème des faux prophètes est l’un des enjeux centraux du livre de Jérémie. Dans un cours qu’il a donné dans notre programme, le Dr Yochi Fargeon présente le problème : dès qu’il existe le concept de " prophète " il devient évident que tout prophète de vérité peut affirmer « Ainsi parle le Seigneur » et guider le peuple vers un certain comportement. Pourtant, il s’avère que n’importe quel individu cherchant à obtenir du pouvoir et de l'influence peut de manière similaire affirmer de son propre chef« Ainsi parle le Seigneur ». Que doivent faire les enfants d’Israël ? Comment peuvent-ils  distinguer le vrai du faux ?
La Torah déjà aborde cette problématique et présente deux moyens de distinguer le vrai prophète du faux. Le premier moyen est le miracle. Moïse pose la question à D’ : «Moïse prit la parole et dit: "Mais certes, ils ne me croiront pas et ils n'écouteront pas ma voix, parce qu'ils diront: L'Éternel ne t'est point apparu.» (Exode 4,1). La solution que D’ lui propose est celle du prodige– un signe qu’il peut accomplir pour prouver que D’ l’a envoyé. Le Rambam réduit l'importance du prodige et de toute façon, à l’époque de Jérémie, les miracles se font plus rares. Certes, les faux prophètes ne peuvent pas accomplir de miracles, mais Jérémie lui-même n’en réalise aucun pendant la période ou il occupe la fonction de prophète.
Le second test proposé par la Torah est celui de l’accomplissement de la prophétie. C’est ce que l’on trouve dans la section sur le prophète dans le livre du Deutéronome : « Mais, diras-tu en toi-même, comment reconnaîtrons-nous la parole qui n'émane pas de l'Éternel? Si le prophète annonce de la part de l'Éternel une chose qui ne saurait être, ou qui n'est pas suivie d'effet, cette annonce n'aura pas été dictée par l'Éternel; c'est avec témérité que le prophète l'a émise, ne crains pas de sévir à son égard. » (Deutéronome 18,21-22). Si un prophète promet quelque chose qui ne se réalise pas, cela prouve qu’il est un faux prophète. Mais il y a un problème avec ce test : quel est le délai dans lequel la prophétie doit se réaliser ?
Si le prophète donne une date pour l’accomplissement de la prophétie, alors c’est clair – si cette date est dépassée sans que la prophétie ne se réalise, nous saurons qu’il s’agissait d’un faux prophète. Mais jusqu'à cette échéance, il semble que l'on doit écouter. Lorsque tous les prophètes affirment que Babylone sera détruite et que les enfants de Juda seront sauvés, ils ne sont pas encore jugés comme faux prophètes, donc les enfants de Juda se doivent de les écouter. Et même si la prophétie ne se réalise pas à son échéance, cela ne signifie pas nécessairement qu’il s’agit d’un mensonge – le livre d’Isaïe regorge de prophéties de rédemption formulées au départ pour Ézéchias ou pour les exilés de Babylone, mais qui ne se sont pas réalisées dans leur totalité. Nous affirmons simplement que ces prophéties se réaliseront à la fin des temps. Qu'est-ce qui empêcherait n'importe quel prophète d'expliquer ainsi ses prophéties non réalisées ?
C'est ici que le message particulier de ce chapitre apparait. Il n'existe aucun moyen extérieur d’identifier le vrai prophète du faux. Mais si un prophète apporte des messages qui exigent de nous de nous améliorer et un autre prophète nous annonce des messages complaisants, si un prophète revendique la justice pour les opprimés et un autre réitère les revendications des puissants, si un groupe de prophètes est composé de justes qui essaient d’aider le peuple et encouragent le repentir alors qu’un autre groupe de prophètes profite de son statut et de son pouvoir à travers ses prophéties, au point qu’il est dit d’eux qu’ils « ont commis une abomination en Israël et ont commis l’adultère avec les femmes de leurs voisins », alors, bien qu’une personne puisse se justifier en disant qu’elle ne savait pas qui était le véritable porte-parole de D’, elle aurait dû être capable de faire la différence.

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