Yona, chapitre 3 – La téchouva de Ninive.
Yona, chapitre 3 – La téchouva de Ninive. leçon en hébreu
Après avoir échoué à fuir sa mission, Yona se rend, contraint et forcé, à Ninive pour accomplir l’ordre de D'. Les versets insistent sur la manière minimaliste avec laquelle Yona exécute sa mission. Ils précisent que Ninive est une grande ville, « trois jours de marche » (v. 3), mais Yona ne traverse qu’« un jour de marche » dans la ville (v. 4) et proclame un message extrêmement succinct.
Et pourtant, cette annonce brève provoque une véritable révolution à Ninive : les versets rapportent que les habitants de Ninive crurent en D'– « Les gens de Ninive crurent en D' » (3, 5) – et réagirent immédiatement en jeûnant, en revêtant des sacs et en invoquant D'. Ce mouvement semble toucher toutes les couches de la ville : le roi lui-même (v. 6), tous les habitants « du plus grand au plus petit » (v. 5), et même les bêtes (v. 8).
Deux grandes lectures de ce passage ont été proposées, tant par les exégètes traditionnels que par les chercheurs modernes. En réalité, cette divergence apparaît déjà dans les paroles de nos Sages : comment faut-il interpréter le repentir et la prière des habitants de Ninive ? Dans le Talmud de Babylone (Ta’anit 16a), leur téchouva est présentée de manière élogieuse, comme un processus profond et sincère :
« Ils revinrent chacun de sa mauvaise voie et des violences qu’ils avaient entre les mains… Rav Shmouel dit : Même s’ils avaient volé une poutre et l’avaient utilisée pour construire une maison, ils démolissaient toute la maison pour la rendre à son propriétaire ! »
Mais dans le Talmud de Jérusalem (Ta’anit chap. 2), leur téchouva est qualifiée de trompeuse :
« Rabbi Shimon ben Lakish dit : Les gens de Ninive ont fait une téchouva de comédiens. »
Comme on l’a dit, ces deux lectures ont traversé les générations. D’un côté, on peut lire ce chapitre comme une téchouva complète et impressionnante, qui touche toutes les strates de la population, combinant jeûne, prière et amélioration des comportements. De l’autre, la rapidité et la globalité du récit peuvent aussi être interprétées de façon cynique : la majorité de la description (versets 7 à 9) est placée dans la bouche du roi et non présentée comme un fait avéré, et l’image des hommes et des bêtes invoquant D' en portant des sacs – « Qu’ils se couvrent de sacs, hommes et bêtes, et qu’ils invoquent D' avec force » (3, 8) – invite à se demander si l’on n’assiste pas à une mise en scène grotesque plutôt qu’à une vraie repentance. Après tout, quel sens cela a-t-il de couvrir des animaux de sacs ?
Peut-être notre difficulté à trancher, en tant que lecteurs, sur le caractère authentique ou non de la téchouva des habitants de Ninive n’est-elle pas fortuite. Peut-être le chapitre, tel qu’il est rédigé, reflète-t-il une ambiguïté réelle : même à l’époque, il était difficile de savoir si leur retour vers D' était sincère. Et c’est précisément ce qui suscite la colère de Yona : il affirme qu’il ne s’agit pas d’une véritable téchouva, et il est frustré que, malgré cela, D' leur pardonne. Si telle est bien l’origine de sa protestation, alors le message que D' cherche à lui transmettre est clair : on peut toujours douter de la sincérité des intentions, toujours suspecter une tromperie. Et pourtant, D' choisit de faire confiance à l’homme. Si un être humain entame un processus de téchouva – D' lui pardonnera, et lui accordera toute Sa confiance pour lui permettre une chance de se corriger.
Et peut-être pouvons-nous en tirer un principe important, qui reste pertinent dans les événements de notre époque : lorsqu’un effort est fait pour réparer, pour œuvrer ensemble, il est toujours facile de douter de la sincérité des intentions de l’autre camp. Souhaitons-nous d’apprendre de cette prophétie à faire preuve de confiance envers « l’autre », même quand il y aurait des raisons de douter – et de cette confiance, espérons construire ensemble un avenir meilleur. Moadim lé-sim’ha !
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